mercredi 28 avril 2010

TIMOUN YO ANVAN (Les enfants d’abord)

Je termine ce voyage en allant rencontrer Mme Jacqueline Lessard qui a fondé l’orphelinat L’ESPOIR à Croix des Bouquets. Nous allons participer à la construction d’un nouvel orphelinat avec des fonds provenant de différents partenaires financiers. Cette octogénaire s’occupe d’une cinquantaine d’orphelins.

Le tremblement de terre a rendu non sécuritaire l’immeuble et les enfants couchent maintenant dans des tentes. Nous devrons faire vite.

Bernard McNamara, architecte
Président d'Architectes de l'Urgence du Canada, en Haiti

samedi 24 avril 2010

TOUT PAGAY KRAZE (tout est brisé)

Jacmel:
On arrive en fin de journée à Jacmel, jolie ville de la côte sud qui a déjà eu ses heures de gloire au dix-neuvième siècle avec la culture du café. Nous visitons quelques sites d’habitations dévastées pour réaliser qu’au delà des images et reportages, il y a eu un drame humain ici. Il y a des corps sous les décombres depuis plus de 3 mois et une odeur de putréfaction insupportable s’en dégage.
Nous logeons au Cap Lamadin qui est envahi par les représentants d’agences internationales et des ONG. L’Hôtel n’a pas été affecté par le séisme bien que plusieurs immeubles avoisinants sont détruits. Où est la logique? Des constructions à qualité variable!(Cap Lamentin)

Leogane :
À Leogane nous avons rendez-vous avec le Maire adjoint qui se sent très impuissant devant toutes ces agences et ONG qui viennent dans sa ville pour intervenir comme bon leur semble et sans l’implication des autorités locales. La Mairie a des ressources très limitées, pas de services d’urbanisme ou de construction, pas de ressources, plus de directeur général car depuis le séisme la ville ne perçoit plus rien en taxes ni autres revenus. Leogane a été très touchéem; plus de 50 % des immeubles sont abimés. Trente-six mille familles vivent dans les tentes. Comment peut-on penser à la reconstruction dans ces conditions ? La reconstruction devra se faire en harmonie avec la ville existante et devra s’inscrire dans son plan d’aménagement et dans les grandes orientations pour les années à venir et cela en respectant les principes du développement durable. Malheureusement, la municipalité n’a pas les ressources pour superviser et orienter ce développement. (Mairie de Leogane)

Port-au-Prince :
Il y a du monde à Port-au-Prince. Il y a plein de vendeurs de toutes sortes en bordures des rues. Tous ces gens ne peuvent quitter leur quartier, leurs revenus en dépendent. La ville a d’abord été construite près du port pour s’étaler par la suite sur les pentes escarpées des collines avoisinantes. Une partie de la ville s’est construite de façon informelle dans des quartiers difficiles d’accès et sans services. La circulation est difficile, les boulevards et avenues ne suffisent pas à la demande. Imaginez le tremblement de terre dans cette situation où de plus les immeubles ont été réalisés sans le respect des normes de construction les plus élémentaires. Certains ont résisté, d’autres non. La qualité du béton et des agrégats de pierre calcaire (au lieu du sable) a évidemment fragilisée toutes ces structures. Maintenant on reconstruit, de la même façon. Il y aura toute une campagne de sensibilisation à faire afin que les résidents comprennent les risques qu’ils courent.

Des immeubles détruits, il y en a partout. Certains sont encore instables et risquent à tout moment de tomber dans la rue ou sur les passants. Au niveau de la reconstruction, les agences internationales et les ONG se concentrent surtout à l’extérieur de-Port-au Prince car c’est assez complexe d’intervenir ici. Ce qu’il faut c’est de travailler avec la population locale afin qu’elle participe à la reconstruction en fonction de ses priorités. Architectes de l’urgence réalisera un projet de reconstruction avec UN-HABITAT dans ces quartiers populaires.
Ce qui surprend à Port-au-Prince, c’est la présence de tous ces militaires, coréens, argentins, uruguayens, chiliens, chinois, américains, pakistanais, etc. La ville est en état de siège. Ces militaires se promènent dans la population avec leurs armes, casqués comme s’ils étaient en Afghanistan, sans compter les centaines de véhicules des Nations Unies. Si j’étais Haïtien, je me sentirais assiégé. Pas certain que j’apprécierais.

Bernard McNamara, architecte
Président d'Architectes de l'Urgence du Canada, en Haiti

mardi 20 avril 2010

Lè a rive pou nou fòme chen solidarite a pou savé PEYI DAYITI

16, 17 et 18 avril 2010

L è a rive pou nou fòme chen solidarite a pou savé Peyi DAYITI tout bon vre (pour ceux qui ne sont pas doués en phonétique : l’heure est arrivée pour que nous formions une chaine de solidarité pour sauver le pays d’HAITI pour de bon)

On quitte Camp Charly en passant près de l’aéroport. C’est congestionné évidemment, mais je m’attendais à pire. On passe près du port et du marché vers Léogane. Il y a plein d’immeuble abimés, plein de débris et des campements un peu partout. Déjà vu, rien de vraiment différent. Des campements, il y en a beaucoup et pas tous de la même qualité. Il y a des camps de fortune, ou plutôt d’infortune, des campements avec des super tentes et des petites tentes minuscules. Leogane, Grand Goâve, Petit Goâve, tristement semblables. Ces immeubles abimés n’ont jamais été conçus pour un tremblement de terre. D'ailleurs, ceux qu’ils reconstruisent ne le seront pas plus, car il n’existe à peu près pas de réglementation sur la construction si ce n’est que quelques règlements sur le lotissement. Les ingénieurs municipaux n’ont jamais été sensibilisés à ce risque et plusieurs n’avaient pas non plus l’expertise pour donner des conseils ou appliquer des codes de construction s’ils avaient existés.

Arrivés à Miragoâne, la vie reprend...les petits commerçants sur le bord des routes, les petites filles qui reviennent de l’école avec leurs boucles de couleur dans les cheveux, des vendeurs de toutes sortes, les villages plein d’animation. Et le paysage nous fait oublier rapidement le drame qui s’est passé il y a trois mois.

De Miragoâne nous traversons les montagnes pour aller rejoindre Aquin et St-Louis du Sud. De toute beauté sont ces deux baies presque inoccupées avec un vestige de fort anglais au milieu de la baie anglaise. Par la suite, petit retour vers les montagnes pour une arrivée à Les Cayes, ville importante de la région avec une plage totalement contaminée de déchets de toutes sortes et un port où l’on reçoit du ciment du Venezuela. À 300 gourdes le sac, ou 60 dollars haïtiens, ou environ 7,00 $, l’inflation postséisme n’est pas encore arrivée.

Après une visite officielle chez Monsieur Le Maire on part vers la ville d’Aristide, Port Salut à la pointe Ouest d’Haïti. Quel beau petit village de villégiature, quelques hôtels et la magnifique plage Dauphiné. Les travaux d’aménagement, des routes et du drainage ont été réalisés par Taiwan. Quoi de mieux qu’une langouste grillée pour finir la journée. Retour vers la capitale, on prend, à quelques kilomètres de Leogane, la route de l’amitié construite par la France, vers Jacmel. Pas surprenant que cette route ait été impraticable après le séisme ; elle grimpe à 1 200 mètres très rapidement. Les côtés sont escarpés et les glissements de terrain sont fréquents en temps normal. Cette route restera toujours très vulnérable aux secousses sismiques. En traversant la chaine de montagnes, on croise de petites bourgades charmantes où l’on vend des bananes et des figues. Le point culminant s’appelle le poste Bernard… eh oui !

Et on arrive à Jacmel. Nous n’irons pas plus loin de toute façon puisqu’on a plus de diesel et les stations-services non plus. Notre chauffeur devra faire la queue demain pour en trouver si on veut revenir vers Port-au-Prince.

Bernard McNamara, architecte
Président d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haiti

jeudi 15 avril 2010

OU PAKA PA LA! (ou LE PLAISIR DANS LA SÉCURITÉ, campagne anti-sida)

13 et 14 avril 2010

Ces deux derniers jours, nous avons rencontré des maires, des représentants de services décentralisés de l’état en éducation, en santé et en finance. Pour notre mission de formulation du programme pour le FENU nous devons avoir une bonne idée, tout d’abord, comment fonctionne l’état haïtien, les communes, les départements et comment tout ce monde travaille ensemble.

(Cap Haitien) Ce matin, nous avons pris la route vers Port-au-Prince en passant par Cap-Haïtien, les montagnes de la chaine de Belance, l’Artibonite, Les Gonaïves, St-Marc et finalement Port-au-Prince où nous sommes arrivés de noirceur. Le Nord est vert avec ses plantations, mais les routes de montagnes sont épouvantables ; des trous partout. Fiez-vous sur moi, les nids de poules de Montréal ne sont rien à côté de ces trous d’autruches.

Aux Gonaïves on peut voir les dommages causés en 2008 par le débordement de la rivière Ennery qui a emporté des tronçons de route et quelques ponts sans compter l’inondation de cette ville par l’eau qui venait des montagnes, mais aussi de la boue.

Les montagnes de l’Artibonite sont beaucoup plus dénudées et avec beaucoup moins de végétation que sur le versant nord. Difficile à croire qu’il y avait même des arbres sur ces montagnes escarpées et arides.

À notre arrivée dans la région de Port-au-Prince, on s’est fait arrêtés par la Police Haïtienne sous l’œil des soldats de la MINUSTAH. Le policier haïtien, qui se prenait pour Rambo avec ses lunettes de soleil, ses gants noirs et son fusil juste bon pour aller à la chasse au canard, se prenait pour un autre et nous a fait ouvrir nos valises sur le bord de la route. Rien de grave, juste un peu déplaisant. On était seulement deux consultants sans le reste de l’équipe du PNUD.

Ce soir, nous dormons au Camp Charlie près de l’aéroport de Port-au-Prince, car demain nous partons pour la pointe du sud-ouest, un autre 4 à 5 heures de route en passant par Carrefour, Leogane. Plus d’une centaine d’humanitaires volontaires ou professionnels (IOM, UNOPS, PAM, PNUD, UNICEF et plein d’autres), hébergent dans ce camp super bien monté qui est entouré par les camps militaires du Brésil, de l’Argentine, du Chili, etc. et par des milliers de sinistrés dans des tentes à qualité variable. C’est impressionnant tout l’effort qui est mis dans ces camps et tout l’équipement et les véhicules de toutes sortes qui ont été amenés ici. Tentes, douches, cuisine, salles à manger. Les Danois ont installé ce camp au cours des premières semaines après le tremblement de terre.

Prochaine étape, Les Cayes à la pointe sud-ouest du pays.

Bernard McNamara, architecte
Président d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haiti

lundi 12 avril 2010

YON EFOR KI DOUS (L’EFFORT DANS LA DOUCEUR)

11 et 12 avril 2010 - Nous entrons en Haïti par le Nord en passant par le poste frontalier de Dajabon. Les distances sont plus longues par la République Dominicaine mais les routes sont meilleures. Enfin, le dernier tronçon est là pour que l’on s’acclimate aux routes haïtiennes. Coté République dDominicaine c’est très vert malgré la saison sèche et pour cause le système d’irrigation qui leur permet de cultiver tout au long de l’année. Le coté haïtien c’est la poussière. C’est la MINUSTAH (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti) qui surveille la frontière.

Le poste frontalier Dajabon/Ouanaminthe est très achalandé les jours de marché car les haïtiens viennent en grand nombre faire leurs achats de base. Le gouvernement canadien participe actuellement à la construction d’un nouveau poste frontalier.
Premier arrêt, la ville de Fort Liberté. Au dessus de l’arche d’entrée dans la ville, il est écrit L’EFFORT DANS LA DOUCEUR. Quelle belle façon de voir la vie! Toutefois malgré son emplacement fort intéressant dans une baie protégée qui a fait le bonheur des flibustiers et colonisateurs français et espagnols, la ville a peu d’activités économiques et on se croirait aux fins fonds de l’Afrique. Malgré tout, les gens semblent heureux, la plage, la mer, les fleurs et la température y sont sûrement pour quelque chose.

Bernard McNamara, architecte
Président d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haïti

dimanche 21 mars 2010

Le printemps est arrivé ?

Journées de remplissage de formulaires et finalisation de rapports. J’apprends (par mon frère du Québec) que le printemps est arrivé; tiens, on l’avait oublié celui-là ! Faut dire qu’avec une température constante à 28-29 degrés, aucun changement d’heure, de soleil ni de saison, c’était difficile à remarquer, même s’il a plu vendredi dernier pour la première fois depuis notre arrivée. Notre hôtel afflue de bénévoles, d'ONG, de travailleurs humanitaires de toutes sortes qui se remplacent à tours de rôles. L’autre jour, c'étaient des gens de USAid puis, des travailleurs de l’environnement qui font le déblayage des rues. Hier, dix-huit Canadiens de London(ON)sont venus construire une église dans le coin. Aujourd’hui, ce sont des gens d’Unicef... bref, Yves trouve que ça bouge et il aime bien ça! On constate qu’il y a une foule de gens prêts à apporter leur petite contribution.
À bientôt!

André Bergeron, ingénieur en structure
Membre d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haiti

vendredi 19 mars 2010

Route bloquée par un éboulement

Yves prend ça plus relax aujourd’hui... soignant son corps meurtri et buvant quelques Sprite bien chauds (ne prenant pas le risque de la glace) en remplissant les formulaires d’inspection. Moi, je repars de plus belle avec ma nouvelle liste comprenant plein d’écoles dans le voisinage. Il il y en avait une, très très haut dans la montagne, que je gardais pour la fin, sachant combien je me ferais brasser... ce qui fut le cas, pendant plus d'une heure et demi. Mais pire encore, la route était bloquée par un éboulement et il fallut continuer à pied, un bon 45 minutes sous un soleil de plomb et une chaleur insoutenable. De retour à l’hôtel, complètement vanné, épuisé, crevé, fourbu et fatigué, une bonne baignade et du vin (gracieuseté d'Yves) ont vite fait oublier cette mésaventure.

André Bergeron, ingénieur en structure
Membre d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haïti

jeudi 18 mars 2010

Inspection d'écoles à dos de mulet

Mercredi: les inspections vont bon train, la moyenne est maintenue même s’il faut aller en montagne. Je visite une école située à une heure et demi de route cahoteuse et pierreuse en compagnie de son directeur qui nous guide - un vrai missionnaire dans l’âme qui a fondé l’association des paysans du coin pour une meilleure qualité de vie. Il se dévoue corps et âme pour son école, qui sert aussi d’église. Malheureusement, les murs sont tombés...ne reste plus que la porte. Il cherche, par tous les moyens, un peu d’aide. Mais comme c’est une école privée, il n’aura rien du gouvernement, et puisqu’il ne fait pas partie d’une congrégation subventionnée par une ONG, il n’y a rien à espérer de ce côté-là non plus. Il y a plusieurs enfants qui font jusqu’à quatre heures de marche pour se rendre à cette école.

Jeudi, c’est Yves qui se paye une petite randonnée en montagne : après deux heures et demi de route cahoteuse ne permettant pas une vitesse de plus de 10 km/h, il doit louer deux mulets pour continuer sa route, pour lui et son guide. La vitesse de croisière augmente un peu et il continue ainsi pendant une autre heure, pour trouver sa petite école et en faire l’expertise. Mais le mulet a fait une fausse manœuvre et comme la selle n’était pas attachée, Yves est revenu à l’hôtel avec un bon bleu sur une fesse.

Pour ma part, je reste à l’hôtel pour remplir les formulaires d’inspection des 40 écoles qui lui avaient été confiées pour inspection en début de mission. Il semble que ce ne soit pas une bonne chose à faire puisque dans l’après-midi, le chauffeur est venu livrer une autre liste de 20 écoles qu'un autre ingénieur débordé n’a pas pu inspecter.

André Bergeron, ingénieur en structure
Membre d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haiti

mardi 16 mars 2010

Inspection des écoles : trois constantes

Nous poursuivons l'inspection des écoles dans le périmètre qui nous a été affecté. Comme toujours, nous allons du meilleur au pire à savoir : une école en très bon état situé à proximité d’une autre qui est démolie ou qui doit l’être.
De nombreux facteurs peuvent expliquer cette incongruité mais, trois constantes ressortent plus souvent qu’autrement à savoir : mauvaise conception, mauvaise qualité des matériaux et de la main-d’œuvre. Cette problématique est définitivement associée à la politique du moindre coût.

Yves Langevin, architectes
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

dimanche 14 mars 2010

Informatique

Cette journée s’annonce sous le signe de l’informatique. Au cours de l’avant-midi, nous avons réussi à résoudre le problème avec le logiciel qui nous a été fourni à Montréal la veille de notre départ. Un peu plus tard au cours de la journée, nous avons commencé à cumuler les données des écoles que nous avons visitées jeudi et vendredi dernier. La compilation s’annonce laborieuse... Par la suite, repos afin de se préparer pour la semaine de travail qui s’annonce.

Yves Langevin, architecte
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

samedi 13 mars 2010

Résultat homogène

Notre journée débute par une réunion de coordination convoquée par le bureau de la Fondation Paul Gérin-Lajoie situé à Saint-Marc. Sur place, nous rencontrons les trois autres équipes qui réalisent le même travail que nous ainsi que deux représentants de la Fondation. L'un des objectifs de la réunion est de coordonner notre travail afin d’en arriver à un résultat homogène.

Retour à l’hôtel à 15 h...

Yves Langevin, architecte
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

jeudi 11 mars 2010

Toutes à démolir ?

Le soir de notre arrivée (10 mars), nous avons eu une réunion avec le responsable logistique de la Fondation Paul Gérin-Lajoie qui nous transmet la liste des écoles à visiter (40 écoles chacun, dans toute la région située entre Port-au-Prince au sud et St-Marc situé au centre de Haïti), en disant que les chauffeurs seraient là dès 8 h. Donc, le jeudi matin 11 mars commence la ronde des visites. Bien entendu, le chauffeur connaissait toute la région comme le fond de sa poche, sauf quand il fallait trouver une école. J’ai vite compris qu’il fallait une aide supplémentaire et j’ai offert au premier directeur d’école rencontré de nous guider, ce qu’il a accepté de bon cœur. Beaucoup de gens ne parlent que créole et je n’arrive pas à les comprendre, et eux non plus.

Je travaille donc avec lui depuis ce temps et ça marche rondement, c’est le cas de le dire : pour aller dans une école perdue en montagne, il a fallut marcher une heure, la route n’étant pas praticable en voiture, avec gués, falaises, etc, autant pour en revenir. Mais comme l’aventure était inhabituelle avec un «touriste», deux autres jeunes de la place et même le chauffeur ont tenu à m’accompagner. Les paysages étaient magnifiques et j’ai bien aimé ce trekking. J’étais tout fier de mon exploit jusqu’à ce que mon guide me montre un petit garçon de 6 ans qui faisait ce même trajet à tous les jours pour aller à l’école…

Les noms des endroits visités sont très évocateurs et pittoresques : Trou Baguette, Jalousie, Cadenette, Deluge, Dophiné, Mission possible, Matelot Youvi, Nouvelle Aurore, Eureka, etc. Et il y a ici des mornes, comme dans nos Iles-de-la-Madeleine, qui sont en fait des collines isolées et arrondies. J’ai été surpris de voir que même dans ces arrière-pays, il y avait autant de monde partout, la grande majorité étant très pauvre : le quart de la population (2,4 millions de personnes) n’ingère par le minimum journalier de 2240 calories recommandées par l’OMS.

Nous visitons les écoles (privées à 90%, donc hors du contrôle de l’état), qui sont en général dans un état lamentable et pas seulement à cause du séisme; nous rencontrons les directeurs et remplissons un petit formulaire qui sera remis au Ministère de l’Éducation et qui pourra ainsi déterminer une action à entreprendre et que tous les directeurs espèrent en faveur de LEUR école. Il s’agit de déterminer si les écoles sont intactes, endommagées, réparables ou à démolir.(Yves Langevin, architecte, sur la photo)

En fait, selon nos critères, elles seraient presque toutes à démolir (imaginez une école de 300 élèves sans toilette, sans eau potable, une cour couverte de détritus, 68 élèves dans une classe de 6m x 8m, un tableau en « masonite » usé, des bancs faits de deux planches, pas d’électricité, pas de papier, des murs en blocs de béton, des grillages métalliques aux fenêtres, des professeurs non payés donc souvent non motivés). De quoi éteindre l’éclair qui aurait pu naître dans l'oeil de ces petits affamés.

André Bergeron, ingénieur spécialisé en charpente
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

300 écoles dans les hameaux

L’architecte Yves Langevin et l’ingénieur en structure André Bergeron ont quitté Montréal le 10 mars pour poursuivre la mission d'AUC en Haiti. Ils fourniront, à la demande du Ministère de l’Éducation haïtien, une expertise cruciale dans l’analyse structurale et l’évaluation des travaux nécessaires pour remettre en bon état quelque 300 écoles situées dans des hameaux, entre les villes de Port-au-Prince et de Saint-Marc. Nous devrions pouvoir suivre l’évolution de leurs travaux et constats dans ce carnet, d'un jour à l'autre, si les communications le permettent. Avec l’aide des représentants de la Fondation Paul Gérin-Lajoie, qui bénéficient d’une longue expérience en Haiti, nos experts et leurs collègues architectes et ingénieurs haïtiens mettront tout en œuvre pour atteindre l’objectif du Ministère de l’Éducation qui vise à dresser le portrait global et chiffré des interventions requises pour la mise aux normes ou la reconstruction des 5 000 écoles au total sur le territoire.

Sylvie Champeau, consultante en relations publiques
Bénévole pour Architectes de l'urgence du Canada

lundi 1 février 2010

12 écoles : mission accomplie

Tel que prévu, je suis allé a Jacmel et j'ai inspecté les 12 écoles identifiées par la fondation Paul Gérin-Lajoie. Tout un défi! J'ai rencontré la plupart des directeurs ou directrices et trouvé quelqu'un pour m'ouvrir chaque école qui était cadenassée. Par contre, je n'ai pas trouvé l'Arche... j'ai abandonné parce qu'on m'attendait à l'hôpital pour une autre inspection. Je tenterai à nouveau demain avant de me rendre à l'orphelinat.

Je vous quitte parce que il y en a qui attendent depuis longtemps pour utiliser le seul ordinateur qui fonctionne un peu...

A bientôt,
André Bergeron, ingénieur spécialisé en charpente
Collaborateur d'Architectes de l'urgence, en Haiti

dimanche 31 janvier 2010

Opérer sous une bâche

J'ai commencé des démarches pour trouver un GPS afin de localiser les bâtiments inspectés ou à inspecter et constituer une cartographie de nos interventions, mais tous ici sont partis à rire en me souhaitant "bonne chance"! Enfin, on verra. J'avais pris la journée d'hier pour faire mes rapports mais il n'y a pas eu d'électricité... Je continue donc aujourd'hui pour avancer le plus possible. Je dois aller à l'hôpital pour l'installation d'une citerne pour l'eau et vérifier si le bâtiment est prêt à recevoir les patients qui sont toujours opérés sur le terrain de l'hôpital sur des cartons déposés au sol. La salle d'opération est en plein air, recouverte de bâches pour protéger du soleil et pour faire des murs. Je vois les médecins partir le matin avec des scies à métal et des ciseaux à tôle pour faire les amputations...

André Bergeron, ingénieur spécialisé en charpente
Collaborateur d'Architectes de l'urgence, en Haiti

jeudi 28 janvier 2010

Une journée productive

À peine arrivé en Haiti, ma première journée "sur le terrain" a été des plus productives ! J'ai inspecté l'hôtel Karibe ce matin et cet après-midi les 3 bâtiments des soeurs religieuses de Ste-Anne. Il semble que le mot de notre présence (Architectes de l'urgence) se passe d'un organisme à un autre... Le CECI a reçu d'autres demandes d'ONG et de l'université pour nos services.
Demain, je me rendrai au centre de collecte de fonds...(le nom m'échappe)et prendrai l'après-midi pour préparer mes rapports. Je dois dire, en toute modestie, que mes interventions se déroulent bien et que les gens apprécient.

André Bergeron, ingénieur en charpente
Collaborateur d'Architectes de l'urgence Canada, en Haiti

vendredi 22 janvier 2010

Écoles détruites...

Rencontre avec Gilles Monrosty,
Directeur de la Fondation Paul-Gérin-Lajoie en Haïti

Constat : beaucoup d’écoles sont détruites. On pense à recréer des camps scolaires en attendant la reconstruction. 90% de l’enseignement est privé et trop souvent de qualité médiocre. Quelle belle opportunité pour reconstruire un système d’éducation qui donne le goût d’apprendre en privilégiant la notion d’appartenance: l’appropriation de l’école par la famille de l’école. Des exemples de ce modèle existent en Afrique. C’est plus cher à court terme mais dans l’esprit d’un développement durable, extrêmement économique.

Jean-Paul Boudreau, architecte et Claude Robert, stagiaire en architecture
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaborateurs d'Architectes de l'urgence Canada, en Haiti

Constats et souhaits de guérison à l'échelle de la ville

Dans notre poursuite du constat des dégâts, notre chemin s'ouvre sur le reste de Martissant. On y découvre la Résidence Mangonese qui a perdu sa coursive. Le bâtiment principal est récupérable, de chaque coté duquel les colonnes extérieures doivent être remaçonnées. Un gros travail de restauration patrimonial en vue.

Un peu plus au Sud, quelle joie de retrouver les habitations Leclerc sans l'ombre d'une fissure. Ces dizaines de petits pavillons disposés judicieusement de façon à briser le rythme de la répétition, inhabités depuis une vingtaine d’années, ont un potentiel immense de conversion-restauration.

De cette opération sur tout le territoire, de cet immense travail de collaboration sur le tissage social, nous souhaitons que s'éveille un phénomène de guérison à l'échelle de la ville.

Claude Robert, stagiaire en architecture
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaboratrice d'Architectes de l'urgence Canada, en Haiti

Se livrer à la terre

Nous nous devions (et leur devions aussi) de retourner à Simbie pour voir les squats, leur parler et prendre connaissance de l'impact qu'a eu le séisme sur eux, sur le lieu qu'ils squattaient. Nous avions déjà visité, en décembre dernier, l'ancien hôtel Simbie Continental(autrefois un 4 étoiles transformé en bidonville-squat)situé dans le quartier Martissant dans le cadre d'une entente de collaboration entre les villes de Montréal et de Port-au-Prince. À ce moment déjà, promiscuité, extrême pauvreté et insalubrité régnaient parmi les quelque 2000 femmes, hommes et enfants qui squattent le site, propriété de la Ville de Port-au-Prince.

À notre arrivée, nous avions été surpris de constater la simplicité (lire: extrême difficulté) de leur mode de vie. Suite au séisme du 12 janvier, le mot "dévasté" est faible pour décrire l'état du lieu. L'absence presque totale d'organisation laisse place à un sentiment palpable d'abandon face aux forces de la terre - "surrender to the earth".

Avant même de songer à rénover ce qu'il restait de l'hôtel pour leur offrir un lieu moindrement humain et assurer leur survie, il incombait tout d'abord d'entamer la réorganisation en termes de besoins de base (eau, nourriture, toilettes). Si la communauté de Simbie cultivait le manioc (plant à partir duquel on fait du jus, de la farine, des galettes), il en reste peu du petit jardin préalable dans lequel de nombreuses familles y trouvent maintenant refuge (tentes, matelas, toiles, feux de camps). L'état dans lequel le séisme a mis l'hôtel affaiblit encore davantage la communauté de Simbie. Les nombreuses fissures apparues à plusieurs niveaux menacent l'intégrité structurale de ce qu'il reste de l'édifice. Certaines colonnes isolées à l'intérieur s'effritent au toucher. Les familles ne peuvent réintégrer leur maison (lire: leur chambre d'hôtel...) sans y risquer leur vie. L'aide prioritaire tarde à arriver. On nous dit être les premiers à les avoir visités.

Notre devoir consiste maintenant à travailler avec eux pour une réorganisation durable. Reconstruire Simbie passe par eux, leur survie en dépend, elle commence avec eux. Tout comme Port-au-Prince, Simbie doit et va renaître de ses poussières. En débutant par un travail de compréhension profonde de notre part d'un mode de vie haïtien qui portera fruits conditionnellement à une collaboration communautaire et locale, une entraide, un échange, des liens, un retour aux sources; il faut questionner l'occupation actuelle des milliers de vendeurs de rue de cossins américains et recréer un schème oublié, beaucoup plus vrai, fort, riche et durable dans lequel chaque haïtien a un rôle essentiel et complémentaire à jouer: paysan, maçon, assembleur, cultivateur, éleveur, etc.

Jean-Paul Boudreau, architecte et Claude Robert, stagiaire en architecture
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaborateurs pour Architectes de l'urgence Canada en Haiti

Un retour à la vie…

mercredi 20 janvier 2010

Réveillés par un séisme


À 6 h ce matin, nous avons été réveillés par un séisme - notre premier, mais bientôt le 50e pour les gens d'ici pour qui chaque secousse rappelle la mort. Émotions fortes. Les structures tiennent le coup. Tout est ok pour nous. Nous avons obtenu de notre cameraman des images que bientôt nous mettrons sur le blog. En espérant que tous se portent bien au Canada. Bonjour à nos proches.
(Photo : Bluestorm Télé)

Suite au séisme ce matin, des dizaines de gens accourent et s'attrouppent à l'exterieur des pavillons. Seulement 3 secondes suffisent pour raviver la frayeur de la destruction. Les nerfs sont à fleur de peau. Un regard suffit pour saisir l'émotion.

Sur notre route vers l'Ambassade du Canada, un coup de fil de MTL: les médias disent que l'Ambassade est rasée. À notre arrivée, pas un caillou n'est déplacé. Avant-midi de coordination.

Á notre départ, on découvre un quartier Bel Air rasé. Les tanks et autres armes de l'ONU parcourent les rues. Thème: pollution extrême et nuances de gris. Acier d'armature perce les décombres. Des équipes fouillent toujours les décombres pour trouver des membres....

Gaylor et le CUSM au Karibe. On retrouve un Gaylor très affecté....Notre rencontre avec le CUSM et Gaylor a donné lieu à une discussion riche et animée par des haitiens motivés par la reconstruction de leur ville, de leur pays.

À l'ordre du jour:

1. Preoccupations étrangères versus locales. La présence de plusieurs pays peut mener à des opérations contradictoires.

2. Deux opérations doivent coexister soit la déportation des sinistrés sur des sites temporaires et la reconstruction durable et permanente mais adaptée à la population locale.

3. Il faut travailler en équipe et que chaque opération fasse partie d'un processus global chapeauté par la commission déjà en place.

Tout est sur bobine.

Ensuite, entrevue avec Jean-Francois Lépine de Radio-Canada au pied du Pavillon des Ministères. L'entrevue sera diffusée à l'émission "Une heure sur Terre" ce vendredi à 19 h.

Souper de sachet, hallucinations et fous rires dus aux émanations d'essence dans notre camion, maux de tête et matelas de sol... Des ronflements nous ont fait découvrir une caverne d'Alibaba avec 50 lits...

A suivre...

Claude Robert, stagiaire en architecture
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaboratrice d'Architectes de l'urgence Canada en Haiti

mardi 19 janvier 2010

Tournée de relevés et de sécurisation


Champs de coqs au réveil, déjeuner au sachet et hop! en escapade avec AU France. Je pars en tournée de relevés et sécurisation avec Serge et Maurice, Jean-Paul avec Patrick Coulombel et le cameraman de ARTV.
(Photo : Bluestorm Télé)

L'institut français d'Haiti a subi quelques dommages. On doit assurer la sécurité du bâtiment avant que les 300 étudiants qui y suivent des cours de langues ne le réintègrent. Ses deux étages datent de différentes époques: des fissures sont apparues à leur jonction. La dalle de compression avec armature au centre sied sur une construction de hourdis entre poutrelles de béton sur poutres de béton sur colonnes de béton. D'autres fissures marquent le mouvement dans les panneaux de remplissage intérieurs et extérieurs, mais l'integrité de la structure primaire ne semble pas être affectée. Rien de majeur. Le bâtiment pourra être réhabilité. Verdict final à être donné par AU France. Un échantillon de béton est recueillit.

Résidence Nadal: la structure a été epargnée. Des fissures marquent le mouvement à l'intérieur des panneaux de remplissage.

Hôpital : le plus grand hôpital de PAP qui traite le SIDA et la tuberculose est partiellement ecndommagé. On demande d'évacuer le bâtiment administratif alors que les laboratoires et autres pavillons requièrent des réparations mineures. La reprise en sous-œuvre risquant d'être beaucoup trop coûteuse, on espère avoir recours à la démolition/reconstruction.

Résidences et bureaux de Medecins du Monde-France: un pavillon sur trois reçoit le verdict du besoin de réparations majeures pour réintégration. On demande d'évacuer le bâtiment. Les deux autres demandent des réparations mineures mais peuvent être occupés. Leur bureau est une perte totale. Une magnifique résidence, moderne et achevée... On a récupéré des échantillons de mortier pour analyse.

En après midi, il pleut sur PAP. Jean-Paul et moi partons pour rencontrer M. Guypsy Michel du CECI au bâtiment où travaillaient ses 40 employés. Ce dernier est en relative bonne condition mais certaines parties montrent des faiblesses structurales importantes. Verdict : elles devront être corrigées avant l'occupation. Un échantillon de béton est là aussi recueilli pour analyse.

Ensuite, à l'Ambassade canadienne, toute autre scène; c'est la ruée à la guérite. Haitiens de nationalité canadienne font la file pour recevoir de l'aide pour sortir du pays ou profiter du site de l'Ambassade pour un peu de repos, d'eau et de nourriture. Une fois entrés, on arrive à dénicher, parmi la tonne de refugiés, Martin Blackburn et Guy Houle de l'UPCA dont le siège social est à diagnostiquer.
Verdict : le bâtiment est impeccable. Là aussi un echantillon de béton est recueilli.

Clôture de notre journée par un déménagement à l'Hôtel Karibe. Richard Bureau, maître d'hôtel et cousin de notre ami Gaylor, nous accueille à l'intérieur de ses murs condamnés en attendant un verdict pour reprendre vie. Civils armés montent la garde. Le silence règne sur le site infini. Jusqu'à ce qu'une escouade de pompiers américains déferle pour accéder au site voisin ou un long tri de corps et de débris d'une tour de logements les occupperont pour les prochaines 48 heures... Souper au sachet, on s'endort à la belle étoile. La pluie nous réveille en pleine nuit. On transfert dans un pavillon de l'hôtel, vidé de ses tables et contenant quelques matelas tous près des portes qui restent ouvertes en cas d'évacuation rapide...

Claude Robert, stagiaire en architecture
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaboratrice d'Architectes de l'urgence Canada, en Haiti

lundi 18 janvier 2010

La mort au nez


Nous nous sommes rendus à Jimani sans pépins. À la douane, c'est la galère: réfugiés tentent de sortir autant que l'aide tente d'entrer. Les convois annoncés sont un mythe et les passeports une histoire du passé. De l'autre côté, on croise beaucoup de refugiés à pieds, mais encore peu d'indications de la catastrophe. À notre arrivée à PAP, c'est le chaos habituel multiplié par dix. On s'attendait à beaucoup pire cependant. L'aide est là: ONU, DART, armée américaine, médecins du monde et sans frontières...(photo : Bluestorm Télé)

Arrivés à l'Ambassade de France pour rejoindre AU France puis à la mairie de PAP pour constater les dégâts et retrouver notre cher ami OP et Lyndsay, la femme de Jean-Yves, le maire, tous très ébranlés, très vaporeux, mais vivants et heureux de l'être.

Virée au Palais pour voir ce qu'il en reste. Le champs de Mars est converti en zone de déplacement temporaire. Tous les sans-abris du quartier s'y rassemblent, installent tentes et s'en sortent comme ils peuvent en communauté.

L'eau arrive par citernes en certains points de chute et la nourriture on ne sait trop. Devant toutes les ambassades, lignées d'enfants affamés et parents désespérés attendent qu'on leur cède un bout de pain.


Les bâtiments sont extrêmement touchés, et il ne semble pas y avoir de règle de sélection ; certains sont miraculeusement debouts, d'autres écroulés.
Certains secteurs sont à vif, à plat ou à cœur ouvert.

Ça sent la mort. Masque au visage, les survivants sont partout dans les rues. Le terrible traffic habituel laisse place à des kilomètres d'attente pour son bidon d'essence. C'est la pénurie là aussi. (Photo : Bluestorm Télé)

Certains bidonvilles, ironiquement, sont des grands survivants. Mais plus personne n'y dort car on craint la réplique sismique... La nuit on dort dans la rue. Tous. Tout près de chez soi, mais à l'extérieur car c'est plus sûr.

Notre rencontre avec Patrick Coulombel (président AUC France) et son équipe marque un départ pour relever l'état de la résidence de l'Ambassadeur de la France afin d'y loger temporairement une équipe de pharmaciens sans frontières français évacués de leur pharmacie sinistrée. Diagnostic : go.

1ère nuit: camping en face de l'Ambassade de France. La nuit est extrêmement bruyante. Camions, chiens, cris, hélicoptères, cellulaires, la ville ne dort pas. Tout juste à côté de nous, une colonie de coqs s'acharne jusqu'au matin...

Jean-Paul boudreau, architecte
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaborateur d'Architectes de l'urgence Canada, en Haiti

dimanche 17 janvier 2010

Le motel à passes

20 h - La bobine roule...La noirceur est tombée. Petits et gros animaux bordent les rues. La fatigue se fait sentir. Un bruit: 2e crevaison. Plus de pneu de rechange. Voitures et scooters se garent tout autour de nous. Ça sent le guet-apens. Panique...on décolle. Mais l'un deux est militaire et il nous ouvre la route vers le village le plus près. Autres scooters nous bordent et signalent les nids de vaches sur la route! On roule sur la roue sans pneu avec les clignotants d’urgence à 10 km/h.

22 h - Nous arrivons au "Motel à passes", à une heure de Jimani. Une autre scène de film : voitures garées dans un garage attenant à la chambre, à l'intérieur d'une cours se fermant à l'aide d'une énorme porte à enroulement métallique. Chambres à l'heure. Par chance, Damien parle espagnol. On réserve les chambres, dodo et on change les pneus demain.

La voiture nous a piégés. Le convoi nous a sauvés. Vigilance!

Jean-Paul Boudreau, architecte
Claude Robert, stagiaire en architecture
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaborateurs d'Architectes de l'urgence Canada, en Haiti

samedi 16 janvier 2010

Pneu de secours

Nous sommes sains et saufs à notre camp de retraite en République Dominicaine,en convoi avec Paulson et Francois le cameraman, suivis de Damien et Vivien des Architectes de l'urgence de la France, escortés par une voiture qui fait le transport de vivres. Nous sommes de retour après une crevaison sur la route paisible reliant Santo-Domingo à la frontière d'Haïti. Nous avons perdu la voiture de tête mais la retrouverons à Jimani (à la frontière) où l'on campe ce soir. Il y a un départ de convoi prévu pour partir demain matin à 6 h am pour Port-au-Prince. Champs de bananes, rues propres, bidonvilles "modernes" changent du décor de Port-au-Prince.

Jean-Paul