dimanche 21 mars 2010

Le printemps est arrivé ?

Journées de remplissage de formulaires et finalisation de rapports. J’apprends (par mon frère du Québec) que le printemps est arrivé; tiens, on l’avait oublié celui-là ! Faut dire qu’avec une température constante à 28-29 degrés, aucun changement d’heure, de soleil ni de saison, c’était difficile à remarquer, même s’il a plu vendredi dernier pour la première fois depuis notre arrivée. Notre hôtel afflue de bénévoles, d'ONG, de travailleurs humanitaires de toutes sortes qui se remplacent à tours de rôles. L’autre jour, c'étaient des gens de USAid puis, des travailleurs de l’environnement qui font le déblayage des rues. Hier, dix-huit Canadiens de London(ON)sont venus construire une église dans le coin. Aujourd’hui, ce sont des gens d’Unicef... bref, Yves trouve que ça bouge et il aime bien ça! On constate qu’il y a une foule de gens prêts à apporter leur petite contribution.
À bientôt!

André Bergeron, ingénieur en structure
Membre d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haiti

vendredi 19 mars 2010

Route bloquée par un éboulement

Yves prend ça plus relax aujourd’hui... soignant son corps meurtri et buvant quelques Sprite bien chauds (ne prenant pas le risque de la glace) en remplissant les formulaires d’inspection. Moi, je repars de plus belle avec ma nouvelle liste comprenant plein d’écoles dans le voisinage. Il il y en avait une, très très haut dans la montagne, que je gardais pour la fin, sachant combien je me ferais brasser... ce qui fut le cas, pendant plus d'une heure et demi. Mais pire encore, la route était bloquée par un éboulement et il fallut continuer à pied, un bon 45 minutes sous un soleil de plomb et une chaleur insoutenable. De retour à l’hôtel, complètement vanné, épuisé, crevé, fourbu et fatigué, une bonne baignade et du vin (gracieuseté d'Yves) ont vite fait oublier cette mésaventure.

André Bergeron, ingénieur en structure
Membre d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haïti

jeudi 18 mars 2010

Inspection d'écoles à dos de mulet

Mercredi: les inspections vont bon train, la moyenne est maintenue même s’il faut aller en montagne. Je visite une école située à une heure et demi de route cahoteuse et pierreuse en compagnie de son directeur qui nous guide - un vrai missionnaire dans l’âme qui a fondé l’association des paysans du coin pour une meilleure qualité de vie. Il se dévoue corps et âme pour son école, qui sert aussi d’église. Malheureusement, les murs sont tombés...ne reste plus que la porte. Il cherche, par tous les moyens, un peu d’aide. Mais comme c’est une école privée, il n’aura rien du gouvernement, et puisqu’il ne fait pas partie d’une congrégation subventionnée par une ONG, il n’y a rien à espérer de ce côté-là non plus. Il y a plusieurs enfants qui font jusqu’à quatre heures de marche pour se rendre à cette école.

Jeudi, c’est Yves qui se paye une petite randonnée en montagne : après deux heures et demi de route cahoteuse ne permettant pas une vitesse de plus de 10 km/h, il doit louer deux mulets pour continuer sa route, pour lui et son guide. La vitesse de croisière augmente un peu et il continue ainsi pendant une autre heure, pour trouver sa petite école et en faire l’expertise. Mais le mulet a fait une fausse manœuvre et comme la selle n’était pas attachée, Yves est revenu à l’hôtel avec un bon bleu sur une fesse.

Pour ma part, je reste à l’hôtel pour remplir les formulaires d’inspection des 40 écoles qui lui avaient été confiées pour inspection en début de mission. Il semble que ce ne soit pas une bonne chose à faire puisque dans l’après-midi, le chauffeur est venu livrer une autre liste de 20 écoles qu'un autre ingénieur débordé n’a pas pu inspecter.

André Bergeron, ingénieur en structure
Membre d'Architectes de l'urgence du Canada, en Haiti

mardi 16 mars 2010

Inspection des écoles : trois constantes

Nous poursuivons l'inspection des écoles dans le périmètre qui nous a été affecté. Comme toujours, nous allons du meilleur au pire à savoir : une école en très bon état situé à proximité d’une autre qui est démolie ou qui doit l’être.
De nombreux facteurs peuvent expliquer cette incongruité mais, trois constantes ressortent plus souvent qu’autrement à savoir : mauvaise conception, mauvaise qualité des matériaux et de la main-d’œuvre. Cette problématique est définitivement associée à la politique du moindre coût.

Yves Langevin, architectes
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

dimanche 14 mars 2010

Informatique

Cette journée s’annonce sous le signe de l’informatique. Au cours de l’avant-midi, nous avons réussi à résoudre le problème avec le logiciel qui nous a été fourni à Montréal la veille de notre départ. Un peu plus tard au cours de la journée, nous avons commencé à cumuler les données des écoles que nous avons visitées jeudi et vendredi dernier. La compilation s’annonce laborieuse... Par la suite, repos afin de se préparer pour la semaine de travail qui s’annonce.

Yves Langevin, architecte
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

samedi 13 mars 2010

Résultat homogène

Notre journée débute par une réunion de coordination convoquée par le bureau de la Fondation Paul Gérin-Lajoie situé à Saint-Marc. Sur place, nous rencontrons les trois autres équipes qui réalisent le même travail que nous ainsi que deux représentants de la Fondation. L'un des objectifs de la réunion est de coordonner notre travail afin d’en arriver à un résultat homogène.

Retour à l’hôtel à 15 h...

Yves Langevin, architecte
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

jeudi 11 mars 2010

Toutes à démolir ?

Le soir de notre arrivée (10 mars), nous avons eu une réunion avec le responsable logistique de la Fondation Paul Gérin-Lajoie qui nous transmet la liste des écoles à visiter (40 écoles chacun, dans toute la région située entre Port-au-Prince au sud et St-Marc situé au centre de Haïti), en disant que les chauffeurs seraient là dès 8 h. Donc, le jeudi matin 11 mars commence la ronde des visites. Bien entendu, le chauffeur connaissait toute la région comme le fond de sa poche, sauf quand il fallait trouver une école. J’ai vite compris qu’il fallait une aide supplémentaire et j’ai offert au premier directeur d’école rencontré de nous guider, ce qu’il a accepté de bon cœur. Beaucoup de gens ne parlent que créole et je n’arrive pas à les comprendre, et eux non plus.

Je travaille donc avec lui depuis ce temps et ça marche rondement, c’est le cas de le dire : pour aller dans une école perdue en montagne, il a fallut marcher une heure, la route n’étant pas praticable en voiture, avec gués, falaises, etc, autant pour en revenir. Mais comme l’aventure était inhabituelle avec un «touriste», deux autres jeunes de la place et même le chauffeur ont tenu à m’accompagner. Les paysages étaient magnifiques et j’ai bien aimé ce trekking. J’étais tout fier de mon exploit jusqu’à ce que mon guide me montre un petit garçon de 6 ans qui faisait ce même trajet à tous les jours pour aller à l’école…

Les noms des endroits visités sont très évocateurs et pittoresques : Trou Baguette, Jalousie, Cadenette, Deluge, Dophiné, Mission possible, Matelot Youvi, Nouvelle Aurore, Eureka, etc. Et il y a ici des mornes, comme dans nos Iles-de-la-Madeleine, qui sont en fait des collines isolées et arrondies. J’ai été surpris de voir que même dans ces arrière-pays, il y avait autant de monde partout, la grande majorité étant très pauvre : le quart de la population (2,4 millions de personnes) n’ingère par le minimum journalier de 2240 calories recommandées par l’OMS.

Nous visitons les écoles (privées à 90%, donc hors du contrôle de l’état), qui sont en général dans un état lamentable et pas seulement à cause du séisme; nous rencontrons les directeurs et remplissons un petit formulaire qui sera remis au Ministère de l’Éducation et qui pourra ainsi déterminer une action à entreprendre et que tous les directeurs espèrent en faveur de LEUR école. Il s’agit de déterminer si les écoles sont intactes, endommagées, réparables ou à démolir.(Yves Langevin, architecte, sur la photo)

En fait, selon nos critères, elles seraient presque toutes à démolir (imaginez une école de 300 élèves sans toilette, sans eau potable, une cour couverte de détritus, 68 élèves dans une classe de 6m x 8m, un tableau en « masonite » usé, des bancs faits de deux planches, pas d’électricité, pas de papier, des murs en blocs de béton, des grillages métalliques aux fenêtres, des professeurs non payés donc souvent non motivés). De quoi éteindre l’éclair qui aurait pu naître dans l'oeil de ces petits affamés.

André Bergeron, ingénieur spécialisé en charpente
Membre d'Architectes de l'urgence, en Haiti

300 écoles dans les hameaux

L’architecte Yves Langevin et l’ingénieur en structure André Bergeron ont quitté Montréal le 10 mars pour poursuivre la mission d'AUC en Haiti. Ils fourniront, à la demande du Ministère de l’Éducation haïtien, une expertise cruciale dans l’analyse structurale et l’évaluation des travaux nécessaires pour remettre en bon état quelque 300 écoles situées dans des hameaux, entre les villes de Port-au-Prince et de Saint-Marc. Nous devrions pouvoir suivre l’évolution de leurs travaux et constats dans ce carnet, d'un jour à l'autre, si les communications le permettent. Avec l’aide des représentants de la Fondation Paul Gérin-Lajoie, qui bénéficient d’une longue expérience en Haiti, nos experts et leurs collègues architectes et ingénieurs haïtiens mettront tout en œuvre pour atteindre l’objectif du Ministère de l’Éducation qui vise à dresser le portrait global et chiffré des interventions requises pour la mise aux normes ou la reconstruction des 5 000 écoles au total sur le territoire.

Sylvie Champeau, consultante en relations publiques
Bénévole pour Architectes de l'urgence du Canada