vendredi 22 janvier 2010

Se livrer à la terre

Nous nous devions (et leur devions aussi) de retourner à Simbie pour voir les squats, leur parler et prendre connaissance de l'impact qu'a eu le séisme sur eux, sur le lieu qu'ils squattaient. Nous avions déjà visité, en décembre dernier, l'ancien hôtel Simbie Continental(autrefois un 4 étoiles transformé en bidonville-squat)situé dans le quartier Martissant dans le cadre d'une entente de collaboration entre les villes de Montréal et de Port-au-Prince. À ce moment déjà, promiscuité, extrême pauvreté et insalubrité régnaient parmi les quelque 2000 femmes, hommes et enfants qui squattent le site, propriété de la Ville de Port-au-Prince.

À notre arrivée, nous avions été surpris de constater la simplicité (lire: extrême difficulté) de leur mode de vie. Suite au séisme du 12 janvier, le mot "dévasté" est faible pour décrire l'état du lieu. L'absence presque totale d'organisation laisse place à un sentiment palpable d'abandon face aux forces de la terre - "surrender to the earth".

Avant même de songer à rénover ce qu'il restait de l'hôtel pour leur offrir un lieu moindrement humain et assurer leur survie, il incombait tout d'abord d'entamer la réorganisation en termes de besoins de base (eau, nourriture, toilettes). Si la communauté de Simbie cultivait le manioc (plant à partir duquel on fait du jus, de la farine, des galettes), il en reste peu du petit jardin préalable dans lequel de nombreuses familles y trouvent maintenant refuge (tentes, matelas, toiles, feux de camps). L'état dans lequel le séisme a mis l'hôtel affaiblit encore davantage la communauté de Simbie. Les nombreuses fissures apparues à plusieurs niveaux menacent l'intégrité structurale de ce qu'il reste de l'édifice. Certaines colonnes isolées à l'intérieur s'effritent au toucher. Les familles ne peuvent réintégrer leur maison (lire: leur chambre d'hôtel...) sans y risquer leur vie. L'aide prioritaire tarde à arriver. On nous dit être les premiers à les avoir visités.

Notre devoir consiste maintenant à travailler avec eux pour une réorganisation durable. Reconstruire Simbie passe par eux, leur survie en dépend, elle commence avec eux. Tout comme Port-au-Prince, Simbie doit et va renaître de ses poussières. En débutant par un travail de compréhension profonde de notre part d'un mode de vie haïtien qui portera fruits conditionnellement à une collaboration communautaire et locale, une entraide, un échange, des liens, un retour aux sources; il faut questionner l'occupation actuelle des milliers de vendeurs de rue de cossins américains et recréer un schème oublié, beaucoup plus vrai, fort, riche et durable dans lequel chaque haïtien a un rôle essentiel et complémentaire à jouer: paysan, maçon, assembleur, cultivateur, éleveur, etc.

Jean-Paul Boudreau, architecte et Claude Robert, stagiaire en architecture
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaborateurs pour Architectes de l'urgence Canada en Haiti

Un retour à la vie…

3 commentaires:

  1. Bonjour, petit mot pour vous dire que tous les débris de béton sont des matières premières: sable pierre ect. Avec un concasseur et des tamis on peut récupérer beaucoup de matière sans avoir beaucoup de transport à faire.
    De la part d'un entrepreneur à la retraite.
    Merci
    René lessard

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  2. Je me demande bien si les morceaux de beton cassé peut servir de maconerie...comme de la pierre des champs.

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  3. parcontre il aurai pas de methode de re-enforcement ou controle de qualité

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