lundi 18 janvier 2010

La mort au nez


Nous nous sommes rendus à Jimani sans pépins. À la douane, c'est la galère: réfugiés tentent de sortir autant que l'aide tente d'entrer. Les convois annoncés sont un mythe et les passeports une histoire du passé. De l'autre côté, on croise beaucoup de refugiés à pieds, mais encore peu d'indications de la catastrophe. À notre arrivée à PAP, c'est le chaos habituel multiplié par dix. On s'attendait à beaucoup pire cependant. L'aide est là: ONU, DART, armée américaine, médecins du monde et sans frontières...(photo : Bluestorm Télé)

Arrivés à l'Ambassade de France pour rejoindre AU France puis à la mairie de PAP pour constater les dégâts et retrouver notre cher ami OP et Lyndsay, la femme de Jean-Yves, le maire, tous très ébranlés, très vaporeux, mais vivants et heureux de l'être.

Virée au Palais pour voir ce qu'il en reste. Le champs de Mars est converti en zone de déplacement temporaire. Tous les sans-abris du quartier s'y rassemblent, installent tentes et s'en sortent comme ils peuvent en communauté.

L'eau arrive par citernes en certains points de chute et la nourriture on ne sait trop. Devant toutes les ambassades, lignées d'enfants affamés et parents désespérés attendent qu'on leur cède un bout de pain.


Les bâtiments sont extrêmement touchés, et il ne semble pas y avoir de règle de sélection ; certains sont miraculeusement debouts, d'autres écroulés.
Certains secteurs sont à vif, à plat ou à cœur ouvert.

Ça sent la mort. Masque au visage, les survivants sont partout dans les rues. Le terrible traffic habituel laisse place à des kilomètres d'attente pour son bidon d'essence. C'est la pénurie là aussi. (Photo : Bluestorm Télé)

Certains bidonvilles, ironiquement, sont des grands survivants. Mais plus personne n'y dort car on craint la réplique sismique... La nuit on dort dans la rue. Tous. Tout près de chez soi, mais à l'extérieur car c'est plus sûr.

Notre rencontre avec Patrick Coulombel (président AUC France) et son équipe marque un départ pour relever l'état de la résidence de l'Ambassadeur de la France afin d'y loger temporairement une équipe de pharmaciens sans frontières français évacués de leur pharmacie sinistrée. Diagnostic : go.

1ère nuit: camping en face de l'Ambassade de France. La nuit est extrêmement bruyante. Camions, chiens, cris, hélicoptères, cellulaires, la ville ne dort pas. Tout juste à côté de nous, une colonie de coqs s'acharne jusqu'au matin...

Jean-Paul boudreau, architecte
Jodoin Lamarre Pratte architectes et associés
Collaborateur d'Architectes de l'urgence Canada, en Haiti

1 commentaire:

  1. Salut Jean-Paul et Claude,
    Avez-vous vu ou parlé à Gaylord ou à Patrick ?

    Savez-vous si le centre FOKAL est toujours debout ? Et l'hôtel Simbie ? J'imagine que les priorités sont ailleurs...

    Bon courage et soyez quand même prudents.

    A+

    Jean

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